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Un sac sur le dos Un sac sur le dos
Amandine

Pourquoi avons-nous peur ? A quoi cela sert-il ? Peut-on vaincre sa peur ?

Et qu’en est-il de la peur en voyage ? Comment la gérer ? Le vrai voyageur est-il ce baroudeur courageux, sans peurs et sans reproches ?

Le sujet de la peur avait été esquissé dans l’article « Quittez la zone de confort », mais creusons à présent un peu plus, au plus pronfond de vos peurs les plus enfouies…

La peur, un puissant allié de l’évolution

La peur est un des sentiments de base (avec la joie, la tristesse et la colère) et possède un rôle indispensable à notre survie, selon la théorie de l’évolution.

Pourquoi avons-nous peur ?

Devant un événement menaçant, la peur nous pousse à choisir entre l’une de ces deux voies : combattre ou fuir (fight or fly).

Avoir peur et éviter ce qui nous cause ce sentiment n’a donc rien d’anormal, et est même parfois préférable. Par exemple face à une voiture qui arrive sur nous à toute vitesse, l’option de fuir prend tout son sens. Mais, dans d’autres cas, pouvoir dépasser sa peur permet d’ouvrir ses horizons et d’élargir sa zone de confort.

La peur, une réponse physiologique

La peur, une des réponses les plus anciennes du monde animal, s’extériorise par différentes expressions physiques (tremblements, yeux écarquillés, augmentation du rythme cardiaque…), dues à la sécrétion de la principale hormone de la peur : l’adrénaline.

Une fois qu’on y a goûté, il y a un réel risque de ne plus pouvoir s’en passer et de se mettre à la recherche de sensations fortes pour revivre cette montée d’adrénaline et l’excitation qui l’accompagne. Le risque de cette quête d’adrénaline est bien sûr la mise en danger irréfléchie et inconsidérée. Mais elle peut être canalisée. Par exemple, un de mes rêves est de sauter en parachute. Bien sûr que j’aurai peur, et cette peur anticipée augmente l’excitation et mon désir de rechercher cette adrénaline. Mais je ne sauterai pas sans accompagnement. Et bien que je rêve de wingsuit, je ne tenterai pas directement l’aventure : un pas après l’autre.

Allo la tête, ici j’ai peur !

Mais que ce passe t-il derrière ce visage cripsé et ces yeux sidérés ?

La zone du cerveau principalement concernée par la peur se situe dans le système limbique. Cet espace de notre cerveau gère notre comportement en général, et nos émotions en particulier, comme l’agressivité, le plaisir… mais aussi la formation de la mémoire.

Et au sein de ce système limbique, c’est plus précisément au niveau de l’amygdale que cela se passe lorsque nous avons peur ou devenons agressif. Intéressant de remarquer que peur et agressivité sont liées dans notre fonctionnement physiologique… Encore plus intéressant lorsque l’on sait que l’amydgale a aussi un rôle dans l’émotion de plaisir. Drôles d’animaux que nous sommes !

De quoi avons-nous peur ?

Nous avons peur de ce qui, historiquement, pourrait menacer notre survie. La peur vient alors comme un réflexe, conditionné ou non :

Innées ou acquises, nos peurs influencent, plus ou moins consciemment, nos choix et nos façons de vivre.

Peur avouée, à moitié dépassée ?

Reconnaître ses peurs, c’est admettre que nous ne sommes pas parfaits et inclure dans la toile de notre personnage toutes ces petites choses que l’on aime laisser dans l’ombre. Se les avouer, c’est reconnaître que l’on est humain : profondément imparfait, mais également en constante évolution.

L’être humain peut apprendre de ses peurs comme il le fait de ses erreurs : plus qu’un échec ou une imperfection, c’est un point riche de possibilités d’améliorations.

La peur et les voyageurs

Jamais peur de rien les voyageurs ? Intrépides, aventuriers, ces explorateurs des temps modernes seraient-ils au dessus de toutes ces peurs ?

Le voyageur, plus qu’au dessus de ces peurs, multiplie les expériences où la peur l’attend au tournant. Et c’est en connaissance de cause que le voyageur avance, à la recherche de soi-même « version améliorée » : se dépasser est son leitmotiv.

Personnellement, je n’ai pas peur d’aller vers les autres, par contre parler une langue qui n’est pas la mienne me demande des efforts surhumains, tellement la peur de me tromper est grande. Être en voyage me permet de côtoyer cette peur et de la voir rapetisser à chaque occasion où j’ose aller demander mon chemin, prendre part à une conversation… en espagnol ou en anglais. Moi qui me croyais nulle en langue et me renvoyais une image négative de moi-même (« quelle incapable je fais ! »), je prends maintenant plaisir à regarder des films étrangers en VO. A tel point que j’envisage de ne pas m’arrêter en si bonne voie et d’apprendre encore d’autres langues. Finalement, je retrouve un de mes rêves d’enfance : parler toutes les langues du monde, à l’époque où je n’avais pas encore bridé mes rêves.

Peurs partagées

Mais cette énumération, non exhaustive, de peurs ne concerne pas uniquement le voyageur : son entourage partage ces craintes, les véhiculent, voire les crée ou les amplifie.

Certaines d’ailleurs sont souvent l’exclusivité des proches, qui tentent alors de la communiquer au voyageur afin de le raisonner : ne se rend t-il pas compte de la folie qu’il entreprend ?

Ces personnes seront d’autant plus dans l’opposition qu’elles ont un profil « zone-de-confortiste » et n’osent jamais explorer le « nouveau monde » – ou n’en ressente pas le besoin. Votre pulsion de découverte apparaitra à leur yeux comme une bizarrerie : « Mais où as-t-il pu aller chercher des idées pareilles ? ».

Garder la tête froide, les pieds sur terre et le regard vers ses rêves, c’est la meilleure attitude que peut avoir le voyageur pour rester serein sans renoncer à ses projets.

Qu’est-ce que le courage ?

Le courage, ce n’est pas ne pas avoir peur.

Le courage, c’est une chose qu’il nous faut apprendre et réapprendre toute notre vie. Ce n’est pas seulement dans ton coeur, c’est dans toutes les décision que l’on prend, du matin au soir. (Île de Nim)

Le véritable courage consiste à être courageux précisément quand on ne l’est pas. (Jules Renard)

Ainsi, le voyageur apprend à faire face à ses peurs au jour le jour, il est rarement courageux de naissance – et je doute que le contraire puisse réellement exister !

La plus grande des folies : vivre

Tomber malade, avoir un accident, tomber en dépression… sont des risques tout autant présents dans le mode de vie sédentaire. Mais cette vérité est souvent l’occultée, au profit d’une représentation idéalisée du mode de vie à l’occidental et de son cocon confortable. S’imaginer que l’on risque quelque chose au quotidien est inimaginable car trop insécurisant, et c’est souvent un accident (un décès dans la famille, un accident de voiture…) qui vient briser la glace des illusions et faire effraction dans cette vie sécurisante. Beaucoup remettent alors en question leur mode de vie, leurs priorités… Mais ce questionnement, souvent, s’essouffle au bouts de quelques jour ou quelques mois, le temps réparant l’illusion.

La seule certitude dans la vie, c’est que nous ne sommes pas éternels. Sachant cela, tâchons d’occuper notre temps « intelligemment » : se réaliser et vivre la vie que l’on a choisie.

 

Même pas peur ?

La peur fait partie donc de notre quotidien, parfois masquée, parfois recherchée, cette peur est un voyant lumineux sur le tableau de bord de notre cerveau : une information, rien de plus. A nous de l’interpréter, de la gérer et d’y répondre à notre façon, en fonction du contexte : fuir ou combattre ! Chaque fuite nous maintient en vie un peu plus longtemps, chaque combat nous rend plus fort.

Et vous, quelles sont vos peurs ? Et en voyage, quelles peurs êtes-vous amenés à croiser sur votre route ?

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8 réponses à “Même pas peur ?”

  1. J’avais parlé dans un article de l’incompatibilité de la peur et du voyage !
    La peur n’existe que si tu te projette dans l’avenir ou te remémore le passé, en voyage tu es tellement concentré dans le tout de suite que tu ne pense pas à avoir peur.
    Et si vraiment ça tourne mal, c’est l’instinct de survie qui prend directement le relais, tu n’as pas le temps d’avoir peur, pas au sens de perdre ses moyens en tout cas, la monté d’adrénaline te permet au contraire d’être pleinement concentré pour résoudre le problème.
    Il faut vraiment voyager très engagé pour se faire de vraies frayeurs. Et en général quand tu as pris la décision de te mettre dans une situation qui tu sais d’avance peut être source de complications, tu ne cède pas comme cela à la peur. Avec l’effort, la fatigue… tu avance comme un robot sans te poser de questions !

    En principe, j’ai peur avant, j’ai parfois peur après en y repassant ! mais une fois que j’ai pris la décision d’y aller, je suis blindé dans ma tête. En voyage en tout cas, jusqu’à présent, ça s’est passé comme ça.

    • C’est vrai que c’est souvent dans l’après-coup que je me dis « tiens, c’était pas un peu dangereux ça ?! »; je me reconnais bien dans ce que tu décris aussi !

      Mais souvent, l’instant présent prend le dessus et on avance … Cela m’arrive malgré tout d’avoir peur « pendant », mais il n’y a pas mille façons de réagir : l’affronter ou déguerpir, chacune de ces solutions ayant ses avantages en fonction du contexte.

  2. Salut,

    Perso c’est le voyage qui m’a permis de me rendre compte que la peur n’existait que dans la tête : « La peur bloque la compréhension intelligente de la vie. »
    Ca ne sert à rien de se parasité par la peur, il suffit de comprendre intelligemment la vie ! Moi je l’ai maîtriser en partant en voyage seul, et en me rendant compte que ce que j’imaginais avait peu de probabilité de se réaliserça devrait un devoir que chacun devrait avoir envers soi même…

    • Salut Jordane, comme tu le dis, la peur n’est pas tangible et n’existe que dans nos têtes.
      Je recherchais une courte vidéo que j’avais vu à ce sujet, mais je ne la retrouve plus … je vais encore chercher et je posterai un lien si je la retrouve. Elle représentait très bien l’idée qu’une chose ne fait peur que si on se laisse impressionner par elle, mais une fois que l’on décide de l’affronter, tout devient possible. Cette vidéo donne de l’énergie et l’envie de se battre !

      Partir voyager est en effet une façon d’affronter ses peurs et de ne plus subir sa vie. Mais tu connais déjà mon point de vue sur la question du voyage et du développement personnel 😉

  3. Très intéressant ton article. Les voyages me permettent de dépasser certaines peurs. Le plaisir de voyager fait que je suis prête à revoir les limites de ma zone confort. En ce moment je suis au Brésil et j’ai du me dépasser sur certains points : crainte de l’insécurité, animaux dangereux… Mais au final, je suis d’accord on stresse plus souvent avant que sur place.

    • Merci Elodie pour ton message. Le voyage est un excellent motivateur pour oser aller au-delà de ses peurs, chacun à son rythme.

      Comme tu le dis, l’anticipation est souvent un moment plus anxiogène que le voyage lui-même. L’esprit tergiverse moins, on est davantage dans le moment présent.

  4. Tout le monde a peur de quelque chose, le tout est de ne pas se laisse manger par la peur. Pour moi la peur est là comme un signal de danger, d’inconnu, mais ce n’est pas toujours dangereux! Au contraire, je me dis que si j’ai peur, je ferai peut être mieux d’y aller justement, car j’aurais quelque chose à y apprendre. On pense que rester dans sa zone de confort nous met en sécurité, mais comme tu l’as dit, on coure aussi des risques. On n’est jamais à l’abris de rien alors mieux vaut foncer et aller vers ses rêves et dompter ses peurs qui ne sont que nos propres obstacles à l’épanoussement.
    Se laisser envahir par la peur, c’est se figer et on tombe inévitablement dans un cercle vicieux. On reste au statut quo et ensuite on est malheureux que les choses n’évoluent pas. On qualifie les autres de chanceux, de courageux. Mais ce n’est ni l’un ni l’autre. C’est juste suivre son coeur et ce qui nous parle à nous, et pas ce que les autres attendent de nous. Avoir peur ne devrais pas nous empêcher de prendre des risques, de vivre tout simplement.

    • Je suis bien d’accord avec toi Emma : nous avons tous nos peurs (chacun avec ses nuances et des intensités différentes).
      Chaque fois qu’on surmonte sa peur, on avance sur le chemin pour devenir « naturellement courageux », alors que chaque fois qu’on lui succombe, on emprunte une voie de renfermement sur soi, de dévalorisation personnelle… Effectivement, c’est un véritable cercle vicieux (ou vertueux dans l’autre cas).

      Même s’il n’est pas toujours facile/possible de se surpasser et de surmonter ses peurs, disons que c’est un beau cap pour guider nos choix et nos actes. Un idéal à incarner au quotidien, en voyage comme dans la vie sédentaire.

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