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Un sac sur le dos Un sac sur le dos
Amandine

Voyager à travers les livres : une porte ouverte sur le monde et l’aventure depuis son fauteuil, pour un voyage immobile au fil des pages… Je vous invite à plonger dans de beaux livres, riches en sagesse de voyage, réflexions piochées sur les routes et philosophie de vie nomade. Les livres dont je vais vous parler ici sont parmi mes livres préférés pour voyager : j’espère qu’ils vous plairont aussi !

Des livres pour changer sa vision du voyage

Après vous avoir dressé une liste globale de mes livres pour voyager et vous avoir détaillé mes récits de voyage et mes romans préférés, place donc aux livres de sagesse du voyage !

Dans ce style de livre de réflexion sur le voyage, les voyageurs ont souvent aux lèvres Petit traité sur l’immensité du monde de Sylvain Tesson ou encore L’usage du monde de Nicolas Bouvier… C’est donc d’autres livres que je vais vous partager ici !

Je ne serai bien sûr pas exhaustive, n’ayant pas lu tous les livres du genre qui me font envie, et ayant surement encore de nombreux autres à découvrir (je compte sur vous pour m’aider dans les commentaires !).

7 livres pour s’ouvrir au monde du voyage

Marche avant, d’Alexandre Poussin

Pourquoi lire ce livre

Je vous ai déjà dit que j’adore les livres d’Alexandre Poussin ? Après l’avoir suivi sur les chemins d’Afrique (avec Africa trek), j’ai accompagné Alexandre pour une marche le temps de ce livre. Le sous-titre de l’ouvrage, « Vadémécum à l’usage des aventuriers de grand chemin et de voyageurs immobiles » nous situe déjà ce livre. J’avais vraiment l’impression de marcher à ses côtés et d’échanger sur toutes ces pensées qui naissent à la force des pieds, en regardant les paysages défiler.

Avec Marche avant, au fil des pas et des pages, Alexandre nous partage sa vision du monde et sa vision sur lui-même, mais aussi des petites leçons de vie et de philosophie de voyage, tout autant que des conseils techniques et matériels pour les futurs voyageurs.

Synopsis

Alexandre nous parle de son enfance, de ces petits moments qui l’ont construit et l’ont fait devenir qui il est, avec ses élans de vie et ses valeurs. On y retrouve les valeurs qui lui sont chères : écologie, amitié, rencontre, humanitaire… Enfance, adolescence, jeune adulte, marié et puis papa : le voilà qui poursuit sa marche en famille, à la découverte du monde, de l’autre et de soi.

Citations

« C’est la peur qui nous paralyse, nous pétrifie, nous donne des cœurs de pierre : la peur de souffrir, la peur de perdre, la peur de manquer, la peur de ne pas être aimé, la peur de l’autre, la peur de mourir, la peur de disparaitre. » « Il faut faire moins de choses dans sa vie, mais mettre plus de vie dans les choses qu’on fait. » « L’important n’est pas de se dépasser, mais de s’élever. » « Quoi qu’on fasse, où que l’on aille, on se rend compte en marchant que l’homme n’est pas seul, qu’il ne peut être seul, qu’il n’a jamais été seul, que la solitude n’existe pas, sauf peut-être dans nos villes surpeuplées… » « Le choix est le propre de l’homme, il fait souvent le mauvais, croyant faire le bon. » « L’amour demande de la douceur, de la sagesse, de la tendresse, de la délicatesse, de la confiance et commande le respect de l’autre après le respect de soi-même. »

Les identités meurtrières, d’Amin Maalouf (1998)

Pourquoi lire ce livre

Que signifie le besoin d’appartenance collective ? Et en quoi ce besoin d’appartenance peut-il amener à de la violence ? Puisant dans son expérience personnelle et dans l’histoire des êtres humains, Amin Maalouf parle avec sagesse et intelligence de ce besoin d’appartenance et de concepts qui lui sont chers : identité, humanisme, empathie, réciprocité et besoin de catégorisation.

Concernant son livre Les Identités meurtrières, Amin Maalouf nous dit « Pour ce livre, qui n’est ni un divertissement ni une œuvre littéraire, je formulerai [ce] vœu […] : que mon petit-fils, devenu homme, le découvrant un jour par hasard dans la bibliothèque familiale, le feuillette, le parcoure un peu, puis le remette aussitôt à l’endroit poussiéreux d’où il l’avait retiré, en haussant les épaules, et en s’étonnant que du temps de son grand-père, on eût encore besoin de dire ces choses-là. » Et je le souhaite également ! Mais d’ici là (et pour y arriver), ce livre devrait faire partie des lectures proposées dans les écoles, base de discussions et d’échanges sur un sujet (encore) tant d’actualité.

Et dans ma liseuse m’attend Samarcande que j’ai hâte de commencer, sans doute lors d’un prochain voyage.

Synopsis

Le livre débute sur les souvenirs de l’auteur :
Depuis que j’ai quitté le Liban pour m’installer en France, que de fois m’a-t-on demandé, avec les meilleures intentions du monde, si je me sentais « plutôt français » ou « plutôt libanais ». Je réponds invariablement : « L’un et l’autre ! » Non par quelque souci d’équilibre ou d’équité, mais parce qu’en répondant différemment, je mentirais. Ce qui fait que je suis moi-même et pas un autre, c’est que je suis ainsi à la lisière de deux pays, de deux ou trois langues, de plusieurs traditions culturelles. C’est cela mon identité…

Citations

« (…) pour l’homme, le destin est comme le vent pour un voilier. Celui qui est à la barre ne peut décider d’où souffle le vent, ni avec quelle force, mais il peut orienter sa propre voile. Et cela fait parfois une sacrée différence. » « L’identité n’est pas donnée une fois pour toutes, elle se construit et se transforme tout au long de l’existence. » « C’est notre regard qui enferme souvent les autres dans leurs plus étroites appartenances, et c’est notre regard aussi qui peut les libérer. » « Ce qui est sacré, dans la démocratie, ce sont les valeurs, pas les mécanismes. » « Il ne fait pas de doute que la mondialisation accélérée provoque, en réaction un renforcement du besoin d’identité […] et un renforcement du besoin de spiritualité. Or, seule l’appartenance religieuse apporte, ou du moins cherche à apporter une réponse à ces deux besoins. » « Je ne rêve pas d’un monde où la religion n’aurait plus de place, mais d’un monde où le besoin de spiritualité serait dissocié du besoin d’appartenance. […] Séparer l’Église de l’État ne suffit plus ; tout aussi important serait de séparer le religieux de l’identitaire. » « S’enfermer dans une mentalité d’agressé est plus dévastateur encore pour la victime que l’agression elle-même. » « Chacun d’entre nous devrait être encouragé à assumer sa propre diversité, à concevoir son identité comme la somme de ses diverses appartenances, au lieu de la confondre avec une seule, érigée en appartenance suprême, et en instrument d’exclusion, parfois en instrument de guerre. » « Ce sont ces blessures qui déterminent, à chaque étape de la vie, l’attitude des hommes à l’égard de leurs appartenances, et la hiérarchie entre celles-ci. Lorsqu’on a été brimé à cause de sa religion, lorsqu’on a été humilié ou raillé à cause de sa peau, ou de son accent, ou de ses habits rapiécés, on ne l’oubliera pas. » « Séparer le linguistique de l’identitaire ne me parait ni envisageable ni bénéfique, car la langue est le « pivot de l’identité culturelle » et « la diversité linguistique le pivot de toute diversité », tout être humain a besoin d’une langue identitaire. C’est pourquoi chacun doit s’engager pour le maintien et l’avancement de sa langue identitaire, mais il apparait également nécessaire de connaitre la langue globale (l’anglais) tout comme d’investir une troisième langue, la langue « de cœur ».

Éloge du voyage à l’usage des autistes et de ceux qui ne le sont pas assez, de Josef Schovanec (2014)

Pourquoi lire ce livre

Là où les récits de voyageurs nous emmènent souvent dans le monde de l’extrême, des exploits et performances, ce livre-ci nous ramène au cœur même de cette pulsion du voyage. Un éloge à la mouvance, avec simplicité et humanisme. Une plume qui mélange douceur de l’approche et rigueur de l’esprit.

Autiste en France, Français au bout du monde : faut-il partir pour être soi ? Ce livre est par moment déroutant, à l’image du personnage qui partage son expérience, celle d’un autiste Asperger qui se sent davantage « normal » hors de son pays, loin du regard stigmatisant de ses compatriotes. Il n’est pas toujours évident à suivre, l’auteur portant un amour certain pour les détails. La sophistication de son langage n’est qu’un des nombreux signes de l’affection qu’il porte aux langues et à leur maniement.

J’ai découvert Josef Schovanec grâce à une vidéo TED (dont je vous ai parlé dans cet article : « La thérapie par le voyage » et qui vaut vraiment la peine d’être vue !). À travers ses mots, c’est par moment l’essence de l’humanité et l’essence du voyage même que je retrouvais…

Synopsis

« Hier soir, à l’heure où le soleil venait de se coucher derrière les monts du Caucase, où la poignée de maisons de Nakalakari plongeait dans le silence des nuits encore plus éloquent que celui des jours, ou le ciel étoilé des lieux reculés dressait son décor, une amie m’a évoqué par SMS la foule du métro parisien. Contrastes. Ayant pourtant, ô combien de fois, personnellement enduré l’épreuve, je ne parvenais tout simplement plus à la ressentir, à l’imaginer. Incapacité d’imaginer, dans le présent contexte culturel, ce que le métro parisien peut représenter. Trop loin, trop étrange, trop martien. Quand bien même on l’a pris des milliers de fois dans le passé de sa vie. Le voyage, mieux que nulle autre thérapie, rend obsolètes les traumatismes passés.
Vous vous sentez moche ? Peut-être faites-vous même partie avec moi des gens peu favorisés par Dame Nature ? Peu importe. Ce qui passe ici pour un défaut pourra devenir une qualité ailleurs. » – Josef Schovanec Joseph Schovanec nous partage ses observations du monde en voyage et nous présente quatre leçons du voyage :
  • Premièrement, ni l’argent ni la « rationalité » moderne ne sont tout.
  • Deuxièmement, le renoncement est la clé de tout voyage. Penser que le voyage pourra améliorer les schémas existants, améliorer votre vie sous sa forme présente est un non-sens ; si l’on espère retrouver tout ce que l’on a, matériellement, socialement et humainement, tel quel au retour, autant rester chez soi, en multipliant comprimés et bouteilles vides. Voyager vraiment, c’est renoncer. Risquer. Ignorer la date du retour, tout comme ses modalités.
  • Troisièmement, il ne faut pas espérer voyager sans effort personnel.
  • Enfin, fuyez la planification. (Guide) Leur aide est tentante, nécessaire parfois. Mais sépare d’autant de ce que l’on cherche.

Citations

« Nous autres, Occidentaux, qui savons doser au milligramme près les pilules, sommes en matière de voyageothérapie au stade du Moyen Âge. » « Le voyage, mieux que nulle autre thérapie, rend obsolètes les traumatismes passés. » « Ce qui passe ici pour un défaut pourra devenir une qualité ailleurs. » « Si vous êtes très timide et parlez à voix basse, partez en Corée ou au Japon, on vous adorera. Parler à haute voix est mal vu. Les “grandes gueules” n’y ont guère leur chance. » « Le plus dangereux à mes yeux n’est pas la simple hausse du nombre de touristes, tant il existe dans le monde d’endroits à visiter ; ce serait plutôt la restriction croissante des lieux visitables. La lutte contre le tourisme de masse est un phénomène élitiste et conservateur lorsqu’il s’agit simplement de se démarquer des autres tout en faisant, en vérité, la même chose que les autres. » « Réussir son voyage est devenu une étiquette sociale enviable, un peu comme disposer d’une belle voiture et d’une grande maison. » « Retrouver Paris après une longue absence est une expérience douloureuse. Celle de ces jours de fin d’été 2009 le fut tout particulièrement. Après deux mois passés au Moyen-Orient, je redécouvrais une ville devenue inconnue. Étrangère. L’étroitesse de l’espace me frappait notamment. Ou encore l’aspect pathologiquement stressé des habitants, courant en mode de survie à droite, à gauche. Le plus inquiétant était à venir : au bout de quelque temps, je ne ressentais plus rien de tout cela. J’étais redevenu parisien. » « Les gens non autistes sont décidément bien bizarres. » « Comme d’autres thérapies, le voyage possède une forme d’accoutumance. Il en faut toujours plus. (…) D’aucuns parmi les voyageurs en sont poussés à rechercher les mêmes sensations que dans les premiers temps en se rendant dans les lieux les plus étranges, les moins accessibles, les plus invraisemblables. »

L’invention du voyage, collectif – Sylvain Tesson (2016)

Pourquoi lire ce livre

Peut-on voyager tout en restant chez soi ? Pour répondre à cette drôle de question, Anne Bécel, géographe, auteure de guides et aventurière, s’entoure d’écrivains voyageurs. L’idée de L’invention du voyage ? Prendre le contrepied des guides de voyage classiques et écrire le guide dont elle rêvait, à la recherche de l’essence du voyage.

On prend plaisir à retrouver certains écrivains et à en découvrir d’autres : Sylvain Tesson, Gilles Lapouge, Bernard Ollivier, Isabelle Autissier, Pierre Rabhi, Christian Bobin, Alexis Jenni, Marie-Édith Laval, Olivier Bleys, Kenneth White, Paolo Rumiz, Cédric Gras, David Le Breton, Tristan Savin, Bernard Hermann, Bruno Doucey, Blaise Hofmann, Gaële de La Brosse.

J’ai adoré ce livre, tant pour son sujet que sa manière de l’aborder.. et pour le plaisir de découvrir de nouveaux auteurs de voyage passionnants !

Synopsis

Cet ouvrage se divise en trois grandes parties, à l’image du chemin de réflexion menée par Ann Bécel à travers ses interviews et échanges avec ces grands voyageurs : « Le Beau, c’est l’Imprévu », « Nos terres intimes sont si lointaines » et « Immobile à grands pas ».
De ces récits nait la certitude que, d’un voyage à l’autre, certaines situations se retrouvent : la confiance au monde, la disponibilité au hasard, la curiosité des autres habitent les voyageurs, en dépit de leurs peurs, de leurs désillusions et des bifurcations incertaines. Il apparait également qu’il n’est pas nécessaire d’avoir vécu de grands voyages pour se sentir pleinement en « état de voyage » : il est tout à fait possible d’incarner cet état dans notre vie quotidienne. (4e de couverture)

Citations

« Si tous les livres font voyager, plus rares sont ceux qui donnent véritablement envie de partir. » (Tristan Savin) « Prépare un voyage, partir ne me demande aucun effort. La vraie difficulté est de rentrer. Il m’est arrivé, une fois, de m’arrêter au bas de la passerelle qui menait à l’avion, sur le tarmac, et de me demander : “Pourquoi prendre cet avion, pourquoi rentre puisque je suis du bien ici ?” Plus dur encore est de rester chez soi, lorsque notre vie entière est portée par des projets de départs. » (Tristan Savin) « Se tenir au présent c’est se tenir chez soi. Vivre l’instant, c’est vivre, tout simplement. Là où je suis se trouve la grande aventure de la vie, celle qui mérite d’être pleinement vécue sans concession. » (Marie-Edith Laval) « Nos têtes ont besoin du silence pour saisir ce que le bruit du monde moderne ne leur permet pas de comprendre. » (Paolo Rumiz) « Écrire, ce n’est peut-être finalement que cela : entreprendre un voyage intérieur, à travers mots, sur les réseaux secrets de la mémoire, les terres inconnues de l’inconscient ou les chemins creux de l’intime. » (Bruno Doucey) « Au retour, il faut mettre en œuvre un projet : une marche, c’est un point de départ et un point d’arrivée ; au retour, il s’agit de continuer à faire preuve d’obstination, trouver en soi les ressources pour poursuivre les projets, en dépit de la fatigue et du découragement. » (Bernard Olivier) « La vraie condition de l’homme est le mouvement. Nos membres, nos muscles, nos tendons, tous les rouages de notre machine corporelle sont conçus et agencés pour la marche. Alors, écoutons notre nature : marchons ! » (Bernard Olivier) « Tout est regard. Le voyageur ne voit que ce qui était déjà en lui, mais il lui fallait ces conditions de disponibilité pour accéder à d’autres couches du réel. » (David Le Breton) « Quand je dis “voyage”, je pense d’abord aux nomades et aux chamanes. Le nomade, tel que je le vois, arpenteur du désert, chevaucher de la steppe, voyage dans le vide, voit le vide, ami du vent qui souffle où il veut. Le chamane, lui, plonge dans les profondeurs, monte dans l’espace, passe à travers les dimensions psychiques, afin d’ouvrir une éclaircie et de réaliser une guérison par espacement. Dans les deux cas, il s’agit une expérience profonde du monde, du monde comme formes et comme vacuité. » (Kenneth White)

L’aventure : Pour quoi faire ?, collectif – Sylvain Tesson (2013)

Pourquoi lire ce livre

Peut-on encore vivre l’aventure au XXIe siècle alors que le monde entier a été exploré et que l’avancée des technologies interdit de se perdre ? L’aventure peut-elle avoir un sens quand le principe de précaution et la recherche de la sécurité dominent ? De ces questions en découle une autre : qu’est-ce que l’aventure ? Est-ce l’ouverture aux rencontres ? Le gout de l’action, de l’engagement ? Est-ce l’opposé de la routine ? Est-ce la quête de l’inconnu ?

Une belle brochette d’auteurs tente de répondre à ces questions : Jean-Claude Guillebaud, Sylvain Tesson, Gérard Chaliand, Jean-Christophe Rufin, Bruno Corty, Martin Hirsch, Laurent Joffrin, Olivier Frébourg, Olivier Archambeau, Tristan Savin et Patrice Franceschi.

Synopsis

Impossible de résumer ce livre ! Je n’ai qu’un seul conseil à vous donner ; foncez !

Citations

« L’aventure est une école. Une école de fortune où la leçon se donne par des précepteurs inconscients de leur charge à des élèves inconstants, toujours sur les départs, mais venus de très loin pour recevoir leur enseignement. (…) Pour peu qu’on n’ait pas renoncé à faire de sa vie un voyage, on sera toujours l’élève de cette école-là jusqu’à ce que la mort sonne les grandes vacances » (Sylvain Tesson) « L’aventure est un principe intensificateur, elle densifie les émotions, alourdit le souvenir, retient le temps. Par un phénomène mécanique de contraste, elle confère aux bonnes et simples choses – un après-midi de soleil sur une terrasse silencieuse, un concerto de Schubert écouté dans les bras d’une bienaimée – une valeur inestimable. » (Sylvain Tesson) « La vie est bien trop courte pour seulement gagner de l’argent afin d’en dépenser davantage. La richesse culturelle de la connaissance du monde, payée par le risque physique, l’insécurité assumée et l’attachement à l’indépendance, est inestimable. » (Gérard Chaliand) « L’aventure, c’est se résoudre à l’inconnu, donc au risque. L’aventure, c’est la volonté de se sentir responsable, c’est-à-dire de n’incrimine personne pour les souffrances, dommages, préjudices que l’on pourrait éventuellement subir. L’aventure, c’est être actif et non passif, souverain de sa vie et non sujet implorant du maitre tout puissant que serait “la société”. » (Jean-Christophe Rufin) « On ne sait pas nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon. Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait. » (Nicolas Bouvier) « Pour paraphraser Coluche, nous sommes tous l’aventurier de quelqu’un. L’aventurier c’est l’autre. On est rarement aventurier pour soi-même… » (Tristan Savin) « En définitive, nous sommes sommés de choisir entre être un homme d’action – et éventuellement un aventurier du bout du monde – ou être un intellectuel – c’est-à-dire quelqu’un ne bougeant pas de son univers mental. L’homme reste écartelé entre ces opposés, ce qui le rend incomplet, c’est-à-dire malheureux. Cette “séparation” de l’action et de la réflexion est peut-être à l’origine de la plupart de nos malheurs. Et ce que j’entends par esprit d’aventure est tout simplement leur réunion. » (Patrice Franceschi)

Variations insolites sur le voyage, Gérald Berch-Ngô

Pourquoi lire ce livre

Encore un auteur qui se pose la question : « qu’est-ce que le voyage ? » Mais ici, pas d’envolées lyriques ni de grande philosophie, mais plutôt des petites pensées acérées issues d’expériences de voyage, partagées sur un ton piquant, ironique, voire carrément irrévérencieux.

Anecdotes, vraies et fausses définitions, faits divers et statistiques, grands et petits personnages de l’histoire : l’auteur décortique le monde du voyage et des voyageurs en n’épargnant rien ni personne !

Synopsis

En recherche d’authentique ou d’exotique ? Envie de faire un pays ou plutôt d’être un vrai voyageur et non un touriste ? L’auteur saute d’un mot à l’autre à travers l’univers du voyage.

Citations

« “L’authentique”, c’est comme la nostalgie : c’était mieux avant. Oui, mais avant quoi, avant quand ? L’Homo sapiens est-il moins authentique que l’Homo neanderthalensis, lui-même moins authentique que l’Homo habile, lui-même moins authentique que Dieu ? » Exotique : « Adjectif ployé en Occident pour qualifier tout homme, objet, paysage, coutume ou lieu lointains et différents, mais PAS trop tout de même. N’est exotique qu’une altérité mesurée, qui saura demeurer charmante, domesticable et inoffensive aux yeux de celui ou celle qui regarde. Ex. : “Quand ils disent moshi moshi, mangent des sushis et s’habillent comme dès personnages de mangas, les Japonais sont exotiques ; quand ils tuent des baleines ou se font harakiri, ce sont des barbares.” “Faire un pays : Locution verbale s’employant communément pour insinuer que le plus visité n’était pas vraiment fait avant qu’on y pose nous-mêmes les pieds. Variante attribuée à un des plus grands touristes de son époque, Jules Cesar : ‘Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu’.’ ‘Touriste : toujours l’autre. Ex. : ‘Je est un voyageur ; Tu, un touriste.

L’appel de la route, Sébastien Jallade

Pourquoi lire ce livre

C’est tout récemment que j’ai découvert la collection ‘Petite philosophie du voyage’, des éditions Transboréal… et je n’ai pas pu résister à l’appel de ce titre ! Ma première lecture de cette belle collection, ‘L’appel de la route, Petite mystique du voyageur en partance’, est plus que prometteuse : j’ai dévoré et adoré ce livre. Petit, il tient presque dans une poche de veste et s’emporte partout avec soi.

Synopsis

L’auteur, journaliste et réalisateur, partage, à travers son expérience et ses réflexions sur les routes du monde, son rapport au voyage et plus particulièrement à ce fameux appel des routes : un appel de soif de liberté, d’altérité et d’identité.

Citations

‘Quel est donc l’idéal qui nous anime désormais – la fable de l’homme nomade d’aujourd’hui ? S’il me fallait en choisir un seul, ce serait celui de la quête d’identité. Il est à la source de nos départs et abreuve le nomadisme de ce nouveau siècle par un simple axiome : ‘Je suis libre de devenir ce que je veux être’.’ ‘J’appris que l’errance est une tension nécessaire à la construction de l’individu.’ ‘Il y a une constante anthropologique indispensable à l’être humain qu’il faut préserver : la quête d’émerveillement, la nécessité de quitter le bouillon de culture des mots et des idées pour se confronter à l’espace.’ ‘Partir est un manifeste. Je ne vois là ni naïveté ni fuite. Au contraire, c’est un face-à-face avec le monde.’ ‘Car les départs reposent autant sur un désir de sincérité que sur une volonté inavouée d’inventer son épopée personnelle. On s’échappe avec le secret espoir de faire surgir sa voix dans un monde abreuvé de mots et d’images.’ ‘Voyager, c’est marquer une distance : à soi, vis-à-vis de sa famille et de sa société d’origine.’

D’autres idées de livre pour penser voyage

Sur ma liste, j’avais encore noté de nombreux titres, dont certains que je n’ai pas encore pris le temps de lire, comme :

Et encore tant d’autres livres !

J’espère que cette liste (vraiment) non exhaustive donnera le gout à certains de se lancer dans ce genre de lecture, qui change des romans et des récits de voyage. Certains de ces livres m’ont parlé avec une rare justesse et intensité. Quel plaisir de voir mises en beaux mots nos pensées éphémères et vagabondes !

Maintenant que j’ai gouté à ce style, je ne suis pas près de m’arrêter ! Si vous avez des suggestions dans le genre, partagez-les dans les commentaires, je suis plus que preneuse !

Comme quoi, pour voyager depuis son canapé (ou le fauteuil d’un bus…), ce ne sont pas les styles de livres qui manquent, entre les romans, les récits, les livres de développement personnel et ceux de réflexion sur le monde du voyage… De quoi peupler nos esprits et nos rêves de contrées lointaines pour les décennies à venir…

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Idées de livres pour voyageurs
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7 réponses à “Livres pour voyager : sagesse de voyage”

    • Ahah, ravie de t’avoir donné des idées de lecture ! 😉
      C’est vrai que quand on pense « livres de voyage », on va plus souvent vers les récits ou les romans, mais la gamme de livres de voyage est beaucoup plus large ! Certains de ces livres m’ont vraiment nourrie, fait réfléchir et vibrer… j’espère qu’ils te plairont ! 🙂

  1. Merci pour ce billet, absolument génial !!
    Je n’en ai lu qu’un sur ta liste, j’ai de belles heures de lecture encore devant moi 🙂

    • Merci Olivia, ton enthousiasme me fait plaisir à lire ! 🙂
      Je te souhaite de belles découvertes, en espérant que ces livres te plairont autant qu’à moi !

  2. Je n’ai lu que « L’aventure, pour quoi faire? » et j’avais beaucoup aimé, surtout les visions moins attendues de l’aventure, le fait de la présenter comme un état d’esprit plus qu’une destination !

    • Merci Irène pour ton message. Oh oui, « L’aventure pour quoi faire ? » j’avais également beaucoup aimé ! Du coup, je te conseille vraiment « L’invention du voyage » : je les avait dévoré tous les deux coup sur coup et c’est difficile (voire impossible) pour moi de dire lequel est mon préféré !

  3. Bonjour,

    Merci pour ce partage.

    J’aimerais vous partager deux livres du même genre:

    L’histoire du juif errant « Jean d’Ormesson »
    Le périple de Baldassare « Amin Maalouf »

    Cordialement.

    ps: Paulo Coelho est à retenir également.

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